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Ondine et Paul se sont aimés. Quand elle le quitte, il jure qu'il n'aimera plus. Pour se le prouver, il poursuit la belle Camille, qu'il compte séduire et délaisser. 
Mais Camille envoûte Paul qu'elle désire pour elle seule.
Et tandis qu'il succombe au charme de Camille, Paul affronte le souvenir de son amour passé.

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Note du réalisateur

J’ai écrit ce scénario en poursuivant le désir d’un cinéma qui renoue avec une magie oubliée. Il m’est apparu que nombre de films français, en dépit d’autres qualités insignes, ont dénigré le plaisir de jouer avec les formes au profit d’un réalisme pur. C’est ce désir de jouer qui m’a donc poussé à écrire, ce désir de surprendre.

La versification de certains passages de ce scénario témoigne de ma volonté de faire resurgir l’émotion des rimes dans le langage parlé. Eveillée par l’attente de la rime, l’attention du spectateur doit se fixer sur le sens de la phrase. J’utilise des mots simples car la clarté du propos est mon premier souci ; le deuxième étant le plaisir du spectateur, un plaisir d’oreille qui naît de la constante oscillation entre la musique et le sens des mots.

Il s’agit d’un conte sentimental contemporain. Sentimental car l’enjeu est de cœur, contemporain car les personnages sont d’aujourd’hui ; un conte enfin, car j’entends profiter de la surprise produite par les éléments invraisemblables pour stimuler l’imagination du spectateur et ainsi l’émouvoir plus profondément. L’introduction d’un événement merveilleux dans une histoire ordinaire accomplit l’audace que je revendique et célèbre le pouvoir des rêves auxquels j’aime accéder quand je regarde un film. C’est ce rêve, cette magie que je cherche.

Il va de soi qu’un bon magicien compte moins sur la crédulité de son public que sur sa propre dextérité et sur la qualité de ses accessoires. Une grande magie n’advient pas sans une grande rigueur, c’est pourquoi j’affirme ici ma foi dans une mise en scène efficace, très soigneuse du rythme, ainsi que dans la répétition des scènes avant tournage.

Le film comporte de nombreuses scènes d’extérieur ou situées dans des lieux publics. Je tiens à mêler l’histoire des personnages à une ambiance de rue où les habitants de la ville sont tour à tour les témoins et les acteurs du drame. La scène du bal, par exemple, est construite autour des danseurs qui se tournent progressivement contre Camille et servent la libération de Paul. A contrario, les promeneurs du parc sont les témoins indiscrets d’une scène intime : la rupture initiale. Dans les séquences où Paul est devenu fou, c’est tout le quartier qui participe à ses hallucinations. Je compte tourner ces scènes à Belleville, en pleine journée, et ainsi profiter de la multitude d’activités de rue qu’offre ce quartier populaire pour y noyer l’apparition d’éléments étranges et les rendre ainsi presque vraisemblables. A quelques exceptions près, j’aimerais que tout le film soit tourné dans ce même quartier de Belleville pour que le spectateur reconnaisse les lieux de scènes précédentes montrées à une heure différente, sous un point de vue différent et ainsi provoquer la surprise par cette coïncidence.

Par ailleurs, je rêve de filmer ce quartier où j’habite et qui recèle de lieux vastes et déserts non loin des rues où l’on rencontre selon l’heure, des familles, des mendiants de toutes origines, des cohortes d’enfants, des excentriques, des femmes voilées, des marchands de légumes chinois, ainsi que nombre de silhouettes étonnantes de jeunes gens d’allure très actuelle parmi lesquels évoluent mes personnages.

La scène de rupture amoureuse qui ouvre le film a pour vocation d’éveiller la sensibilité du spectateur à la confusion des sentiments qui est l’enjeu principal de l’histoire. D’emblée, il s’agit de confondre le spectateur par une scène où la charge émotionnelle est très intense. Les raisons invoquées par Ondine pour quitter Paul importent moins que le degré d’émotion dans lequel elle se trouve. C’est cette chute initiale, physique autant que métaphorique, qui annonce le thème du film : il s’agit d’un mélodrame flamboyant dont les ressorts dramatiques sont résolument contemporains (crise de la trentaine, échec sentimental, facilité des rencontres amoureuses).

Il me serait impossible de citer ici tous les artistes qui ont, à mon insu peut-être, influencer cet ouvrage. Néanmoins, pour donner une sorte de vision idéale et désordonnée, je citerai : Baudelaire pour son goût des faubourgs et des mystères urbains, Two Lovers de James Gray pour ce trio amoureux au centre duquel le personnage masculin est menacé de folie, Tchekhov pour certaines scènes de complainte et pour le personnage du clochard, enfin, Desplechin pour sa grande habileté à varier le ton de scènes successives.

Pier Paolo Pasolini disait : « Plus moderne que les modernes, je suis une force du passé ». Loin de me comparer au poète italien, je suis résolu à aller au devant de ce qui s’invente.

Grégoire Leprince-Ringuet